L'Indien
et la civilisation
Un
jeune indien aux yeux d'ébène
Quitta
un jour ses terres sauvages,
Voulant
découvrir la vie urbaine
Avant
d'atteindre le grand âge.
Sur son
chemin, il rencontra un loup
Qui lui
tint le discours suivant :
« Enfuis-toi,
jeune inconscient,
Si tu
ne veux point devenir fou.
La
civilisation est une dangereuse prison
Dans
laquelle il n'y a ni ciel ni horizon.
Tes
chaînes invisibles te lieront
A un
insaisissable patron.
Ta
liberté tu perdras
Pour
quelque confort superflu,
Et ta
jeunesse trépassera
Pour un
travail discontinu.
L'air
gangréné affectera ta santé,
L'ombre
des bâtiments viendra te hanter,
Puis tu
finiras désorienté
Dans un
monde désenchanté. »
L'Indien
écouta, mais son désir d'aventure l'emporta.
Il
poursuivit son chemin où il rencontra
Un
troupeau de moutons qui l'interpella :
« Jeune
indien, que fais-tu là ?
– Je
veux découvrir le monde et la civilisation ! »
Répondit
l'audacieux avec détermination.
« Quelle
drôle d'idée !
Souhaites-tu
donc nous ressembler ?
Il est
vrai qu'il est aisé de suivre,
Cela
nous garantit sûreté et harmonie,
Nous
avons seul le soin de vivre,
Sans
esclandre ni conflit.
Le
berger nous commande et nous dirige,
Nous
ôtant les ennuis de la réflexion,
Et
faisant disparaître les vestiges
D'immémoriales
rébellions. »
La
curiosité de l'Indien s'accrut,
Si bien
qu'il atteignit la ville.
Là,
les immeubles obstruèrent sa vue
Et le
firent demeurer immobile.
Le
temps semblait s'être arrêté
Entre
les ruelles étroites et resserrées.
Et les
ténèbres s'étaient installées
Entre
les murs de la cité.
La
terre promise, la terre des miracles
N'offrait,
en fait, qu'un terrible spectacle.
Les
cieux, devenus de sombres tombeaux,
Ne
recueillaient plus que des rêves en lambeaux.
Devant
ses yeux, des hommes identiques
Adoptaient
une démarche empressée
Courant
après quelque dessein étranger
A leur
existence insolite.
L'Indien
pénétra au cœur de ce ballet étrange,
Où des
âmes esseulées vêtues de misère,
Se
complaisaient dans la poussière et la fange
De
cette immense ville ouvrière.
Il
arrêta un passant à l'allure sévère :
« Monsieur,
que signifie cette hâte collective ? »
Et de
lui répondre d'une voix austère :
« Nous
avons tous des urgences impératives,
Et un
travail à accomplir.
– Avez-vous
du temps pour les loisirs ?
– Certes
peu, quelques jours par an.
Il faut
se préoccuper de gagner de l'argent. »
L'Indien,
effrayé, s'enfuit loin de cette prison
Par
peur de devenir esclave du béton.
Les
paroles du loup et des moutons
Parvenaient
au siège de sa raison.
Il
comprit quel funeste sort l'attendait,
Car
pour vivre dans la sécurité,
Il
devrait simplement abandonner
Sa
liberté et son humanité.
Marine M.
https://www.youtube.com/watch?v=eb9ruVcLBtw
RépondreSupprimerPetite illustration Merci
Superbe illustration ! Je te remercie, cela me touche beaucoup. Les images et la musique sont sublimes et complètent parfaitement le texte. Beau travail.
SupprimerJe suis content que cela vous plaise. Ce n'est que l'enveloppe du message. Plus tard il faudra que ces textes soient enseignés et gravés dans la pierre pour que les générations futures ne fassent pas les mêmes erreurs.
SupprimerJe vous encourage et continuez à émettre votre énergie, je participerai à ce qu'on la regarde. (-:
Merci à bientôt
Très beau, très juste. Une personne pleine d'intuition et d'intelligence se cache certainement derrière ces mots.
RépondreSupprimerUne petite oeuvre pleine de poésie et de bon sens : belle musique, beau montage et images très censées... Merci Julie pour ce joli conte philosophique :)
RépondreSupprimerMerci beaucoup ! En ce qui concerne le montage vidéo, ce n'est pas moi qui l'ai réalisé, mais un lecteur de mon blog :)
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